#Prairie : les mots fleurissent à Part Dieu !

Depuis une semaine, les mots et les fleurs ont envahi la Part Dieu. Vous n’avez rien vu ? Vous avez vu mais n’avez pas compris ? On a rencontré Anne-Lise Monnet, l’une des fondatrices du projet #Prairie, pour qu’elle nous l’explique en détails !

 

instants littéraires #Prairie Part dieu

« Il y a un premier visuel, et puis comme le mur est long ils ont le temps de se retourner deux fois, ensuite ils rentrent dans les petits mots et ils se mettent à les lire les uns après les autres, c’est rigolo ! »

Oui, c’est rigolo. Même plus que rigolo : intéressant, et extrêmement rafraîchissant. Ce projet, c’est #Prairie, l’un des seize projets sélectionnés dans le cadre de LyonCityDesign. Un projet ayant comme objectif de faire la part belle au développement durable dans le cadre d’un chantier à Lyon Part Dieu.

 

instants littéraires #Prairie part dieu quartier« Le design à la base ce n’est pas trop mon domaine, je suis paysagiste. Par contre ce qui m’a plu, c’est le thème du chantier dans la ville, pour moi ce n’est pas qu’un sujet de designer. (…) Pour le chantier du quartier de la Part Dieu, un gros quartier s’il en est, la question était de savoir comment accompagner la vie des usagers et des riverains le temps des travaux, comment l’améliorer. (…) Ce qu’il y avait de particulier dans ce sujet, c’était « comment on intervient le temps du chantier ? ». Nous on provoque des chantiers : on dessine et ça devient un chantier. Là il fallait l’envisager dans l’autre sens. C’était aussi l’occasion de faire un projet plus léger et expérimental. »

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Plus léger, peut-être. Plus expérimental, à n’en pas douter. Mais surtout déconcertant. Des affiches ont en effet été collées sur un mur. Un mur lambda. Un mur comme il en existe tant d’autres. Mais un mur, aujourd’hui, parsemé d’affiches colorées, contenant elles-mêmes des graines. L’objectif ? Déchirer les dites affiches pour prendre les graines, et les planter n’importe où.

 

Quel est le lien avec Instants Littéraires, nous direz-vous ?

C’est que ce projet, au départ purement développement durable, s’accompagne d’autre chose. Quelque chose qui interpelle : des mots. Des mots qui forment des petites phrases, où des grands noms de la littérature côtoient des anonymes. Le contraste est un régal, dans une rue presque intimiste, et qui ne fait pas parler d’elle.

C’est donc avec surprise que nous sommes tombés sur ce mur étrange à deux pas du centre commercial de la Part Dieu. Nous qui travaillons dans le quartier, nous avons l’habitude des murs gris et sales de la ville. Et voilà que des mots fleurissent – c’est le cas de le dire – dans ce petit coin perdu. Nous nous sommes stoppés net. Puis, nous avons passé de longues minutes à lire l’ensemble de ces phrases, de ces citations, de ces bouts de poésie arrachés à cette grisaille quotidienne.

 

instants-littéraires-#Prairie-Part-dieu-mur

 

Quelle bonne idée de mélange ! Mais quelle surprise, quand, devant la sincérité d’Anne-Lise Monnet, nous nous sommes rendu compte que ces mots n’étaient pas présents au départ du projet.

 

 

 

« Je crois que j’avais une idée de ce que devait être le projet mais je n’ai pas tout mis par écrit dès le départ. Il y a eu le papier ensemencé, les affiches qui deviennent un jardin commun, et puis les petits mots sont venus sur la fin. Au final je crois que j’avais un projet un peu fleur bleue, romantique et j’ai trouvé que ça allait bien ensemble. On a donc demandé à ceux qui nous ont aidées par le biais du financement participatif de choisir une phrase qui leur plaisait. (…) On n’a pas imposé de sujet, on leur a dit que cela pouvait être en rapport avec le projet ou pas du tout, que cela pouvait être un coup de gueule, quelque chose qu’ils avaient envie de dire, une déclaration, enfin… n’importe quoi. On n’a pas du tout cadré le contenu, et voilà ça donne ça. C’était une surprise, et au final comme vous l’avez remarqué ça marche hyper bien ! »

Encore une fois, la liberté. C’est ce qui nous a plu, dès le départ. Les mots, dans ce projet, sont le révélateur de l’intérêt de chacun pour les belles lettres, sous quelque forme que ce soit. L’intérêt est esthétique, mais il se situe également dans l’échange. Car les mots, à la base, existent pour communiquer, pour échanger, pour participer. Dans ce projet, tout est lié avec simplicité, et c’est pour cela que ça marche.

La simplicité, autre thème abordé, autre idée importante pour Anne-Laure Monnet.

« Ce qui me pose question par rapport à la participation, justement, c’est que souvent dans les procédures d’urbanisme ou de grand chantier comme celui-là, il y a, de la part des maîtrises d’ouvrage, une volonté d’impliquer les gens. C’est quelque chose que l’on entend souvent, sauf qu’en réalité ça ne marche que très rarement ! (…) Déjà je pense que le public se sent peu ou pas du tout écouté. Là oui, pour #Prairie, quelque chose s’est passé avec les promeneurs, les passants. Alors ça n’a pas trait directement au chantier de la Part Dieu au final, parce que je pense que les gens qui comprennent que c’est lié à ce chantier ne sont pas nombreux. Mais je ne sais pas, peut-être que la participation, au final, ne se limite pas à demander aux gens de s’exprimer juste pour donner leur avis sur des gros projets. Il y a peut-être d’autres moyens, d’autres envies… De participation gratuite, d’expression libre. »

instants-littéraires-#prairie-part-dieu-citation

 

Oui, d’autres envies. Des envies latentes, qui se dévoilent l’espace d’un instant, à travers ce projet qui nous a surpris du début à la fin. Apprendre la genèse de cette histoire entre un projet tourné vers le développement durable et l’urbain, et la littérature et la poésie nous a montré que les mots sont à prendre comme cela, et pas autrement. Comme un élément mouvant, libre et libérateur. Comme une manière d’égayer son quotidien et son environnement, de réfléchir, un peu, et de rêver, beaucoup.


 

 

« Ce rapport à la littérature, à la participation et la poésie dans la ville… Je me dis que les gens sont en manque de ça. Ça ne m’a jamais effleuré l’esprit de dire “oui la poésie”. Mais là c’est venu dans le fil du projet, et j’ai été très étonnée de voir la résonance du public… »

De quoi leur donner envie de reprendre ce succès pour les projets à venir, par exemple à WeLoveGreen, festival de musique dans le bassin parisien, ou à Bruxelles. Avec, bien sûr, des mots, toujours des mots.

 

instants littéraires #prairie explications

Projet #Prairie, exposition Lyon City Design (du 19 mars au 2 avril 2015)
Rue du Docteur Bouchut, Lyon 3e
Anne-Lise Monnet (paysagiste) et Cécile Barraud de Lagerie (designer-textile)

http://hashtagprairie.tumblr.com
Twitter @PrairiePartDieu

 

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