Le Silence de Solveig – Françoise Grard

Marie, Nicolas. Et Solveig. Leur maman, un homme, leur papa, et leur grand-mère.

C’est à travers le regard de Marie, jeune adolescente, aînée de sa fratrie, que Françoise Grard nous raconte cette histoire. Une histoire somme toute classique, qui convient très bien au public de ce livre (roman jeunesse).

La plume est simple et directe, les thématiques abordées soulèvent des questionnements intéressants, la narration permet de se plonger pleinement dans le récit.

Malgré quelques longueurs, j’ai apprécié la lecture de ce livre.

J’ai apprécié y retrouver des sujets qui m’ont marquée il y a quelques années. J’ai apprécié l’authenticité des émotions décrites.

«  A peine arrivés à Thiviers, il nous fallait parcourir la maison de haut en bas pour vérifier que rien n’avait changé. C’était irrépressible, comme si nous avions craint que quelques moins d’absence eussent fait prendre l’eau au grand navire familial embarqué sur le temps. Si à nos yeux d’enfants échappait l’usure matérielle des lieux, les peintures écaillées, les fissures des murs, les robinets qu’on ne réparait plus, les chambres à l’étage, sous leurs housses, qu’on n’ouvrait plus, l’essentiel préservé nous faisait palpiter l’émotion : la lumière, comme un halo bleuâtre, vibrant autour des grandes croisées voilées, les recoins immobiles où la pénombre sentait le champignon, les lits soulevés d’édredons blancs, lissés comme des dômes de crème… »

J’ai apprécié ces mots qui m’ont rappelé – quel hasard la vie, quand on y pense – ce que nous vivons en ce moment, dans ma famille.

J’ai apprécié identifier certaines personnages à des membres de mon entourage.

« …Et au milieu de tout cela, disponible et pensive, à la cuisine, sur la pallier où il lui fallait reprendre souffle, dans le salon, entre les deux oreillettes de son fauteuil, ma grand-mère et ses joues soyeuses qui sentaient la lavande. Nous l’arrêtions, n’importe où n’importe quand, comme on intercepte sur sa route le facteur et sa sacoche gonflée. Elle s’immobilisait alors, une main sur la rampe, ou sur son journal reposé, et nous laissait effleurer ses joues parfumées, et puiser dans son étroit regard, tendre et sévère à la fois, la fortifiante certitude de sa fidélité. Puis nous repartions, ragaillardis, relancés sur la trajectoire de nos explorations. »

J’ai apprécié l’analyse sous-jacente du personnage principal. Analyse subtile et délicate, psychologique et factuelle, mais jamais pathétique. J’ai apprécié l’évolution de l’histoire. La description et la compréhension rendues possibles grâce à la justesse des mots.

Cette histoire, son épilogue et les mots pour la raconter, c’est une belle façon d’ouvrir les yeux sur ce que certains (beaucoup ?) d’entre nous ne comprennent pas toujours.


Françoise Grard, Le silence de Solveig, Actes Sud, 2001.


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