Fragment Littéraire #9

« Ma grande raison de vivre, c’est lui. »

 

« Aussi ne saura-t-il jamais comme je l’aime, et non parce qu’il est beau, […], mais parce qu’il est plus moi-même que je ne le suis. De quoi que soient faites nos âmes, la sienne et la mienne sont pareilles et celle de Linton est aussi différente des nôtres qu’un rayon de lune d’un éclair ou que la gelée du feu. […] Mes grandes souffrances dans ce monde ont été celles d’Heathcliff, je les ai toutes guettées et ressenties dès leur origine. Ma grande raison de vivre, c’est lui. Si tout le reste périssait et que lui demeurât, je continuerai d’exister ; mais si tout le reste demeurait et que lui fût anéanti, l’univers ne deviendrait complétement étranger, je n’aurais plus l’air d’en faire partie. Mon amour pour Linton est comme le feuillage dans les bois : le temps le transformera, je le sais bien, comme l’hiver transforme les arbres. Mon amour pour Heathcliff ressemble aux rochers immuables qui sont en dessous : source de peu de joie apparente, mais nécessaire. Nelly, je suis Heathcliff ! II est toujours, toujours dans mon esprit ; non comme un plaisir, pas plus que je ne suis toujours un plaisir pour moi-même, mais comme mon propre être. Ainsi, ne parlez plus de notre séparation, elle est impossible. »

Les Hauts de Hurle-Vent, Emily Brontë

 

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One thought on “Fragment Littéraire #9

  1. L’un de mes romans préférés, et ce passage figure parmi ceux que je recopie dans un carnet. Cette déclaration de Catherine est tellement prenante, c’est l’expression d’un amour presque malgré soi, comme si elle était prisonnière de ce qu’elle ressent pour Heathcliff.

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